Suzhou
Une visite détaillée de la ville historique de Suzhou (苏州), dans le Jiangsu, en Chine, de ses principaux monuments et musées et de ses canaux.
Suzhou (苏州), dans la province du Jiangsu, en Chine, est une ville de 2,2 millions d'habitants, située à une centaine de kilomètres à l'Ouest de Shanghai.
Elle est connue pour avoir été la capitale de la soie et pour disposer de nombreux canaux et ponts. Elle est d'ailleurs surnommée la « Venise de l'Est », un peu abusivement semble-t-il. Mais ce sont ses jardins, typiques de l'art paysager chinois, qui sont les plus remarquables. Neuf d'entre eux sont classés par l'UNESCO.
Les jardins
Liste
L'UNESCO a inscrit les jardins de Suzhou sous une seule référence. Cet ensemble comprend neuf jardins distincts :
- Le jardin persistant
- Le jardin de la cultivation
- Le jardin du maître des filets
- La villa de montagne à la beauté saisissante
- Le pavillon de la grande vague
- Le jardin du bosquet du lion
- Le jardin du couple retraité
- Le jardin de la retraite et de la réflexion
- Le jardin de l'humble administrateur, qui couvre une superficie de 5,2 hectares et a été commencé en 1509.
Jardin du bosquet du lion
Ce jardin, situé dans la partie Nord-Est de Suzhou, fut construit en 1342, sous la dynastie Yuan, pour le vénérable Tian Ru par ses disciples bouddhistes. Il a longtemps fait partie d'un monastère bouddhiste. Ce jardin fut visité par plusieurs empereurs : Kangxi, en 1703 et Qianlong, en 1762, laissèrent des traces de leur passage en offrant des tablettes écrites de leur main au propriétaire des lieux. L'empereur Qianlong fit même réaliser une réplique du jardin dans le parc Yuanmingyuan de Pékin.
Le lieu fut finalement racheté en 1912 par la famille Huang puis en 1918 par un riche commerçant de la famille Bei, qui l'a beaucoup restauré puis donné à l'État en 1949. Il a ouvert au public en 1954 et a été inscrit au patrimoine mondial de l'UNESCO en 2000.
Il présente plusieurs bosquets, dont un de bambous et un de rochers artificiels, formant des grottes et des dédales dont les formes sont censées rappeler des lions. Ces bosquets et des pavillons entourent un étang traversé par plusieurs ponts. On peut également y voir un bateau de pierre et de curieux jardins constitués de bonsaïs poussant sur des rochers placés sur des tables de marbre.
Jardin du maître des filets
Ce jardin et ses bâtiments d'habitation ont d'abord appartenu à Shi Zhengzhi, un vice-ministre de la dynastie des Song du Sud, lorsqu'il était à la retraite. L'ensemble a ensuite été racheté par Song Zongyuan pendant la dynastie Qing puis par Qu Yuancun. À l'époque, construire, posséder et entretenir un jardin était un bon moyen de bien dépenser son argent et de laisser un patrimoine de valeur à ses descendants. Le jardin est classé nationalement depuis 1982 et par l'UNESCO depuis 1997.
La propriété couvre plus d'un demi-hectare. Les bâtiments disposent de plusieurs grandes pièces, dont la « salle des dix-mille volumes », la salle de la grâce capturée et la salle des pivoines. Les « vitres » étaient à l'origine en soie, mais ce matériau a été remplacé par du verre, plus facile à nettoyer. Les jardins sont disposés autour d'un étang et comprennent des rochers artificiels, de la glycine et plusieurs pavillons, utilisés selon les saisons : celui du printemps laisse passer la brise légère et celui de l'été est fermé et situé au-dessus du bassin, pour être plus frais. Le cyprès sur le bord du bassin est âgé de plus de 1500 ans !
Panmen
Ce lieu, situé complètement au Sud-Ouest de la ville historique, comporte un temple. On peut aussi y voir la pagode Ruiguang et la porte Weng.
Un des bâtiments traditionnels a abrité la 8è réunion des ministres des finances de l'APEC, le 8 septembre 2001. Des panneaux y commémorent cet événement.
La portion des remparts de la ville encore visible à côté de cette porte mesure 5 m de haut sur 300 m de long.
La porte Weng
Il s'agit d'une double porte, terrestre et fluviale, ce qui est unique dans l'histoire de la Chine. Elle est très ancienne et a été reconstruite sous la dynastie Yuan (1206-1368) et rénovée sous les dynasties Ming et Qing. Outre son aspect défensif, la porte fluviale permettait de retenir l'eau à l'extérieur de la ville en cas d'inondation.
Elle tire son nom d'un type de jarre possédant une ouverture moins large que le récipient. En effet, les portes, relativement étroites, débouchent sur une cour carrée plus large (20 m de côté), ce qui rappelle la forme d'une jarre. La métaphore militaire sous-jacente est que l'ennemi, coincé dans cette cour comme une tortue dans une jarre, ne peut ni avancer ni reculer et n'a plus qu'à se laisser tuer par les assiégés. Trois canons, de tailles et diamètres différents sont encore visibles.
Les portes terrestre et fluviale, faites en granite, sont doubles et pouvaient être fermées par des herses. Les quatre portes ainsi formées sont relativement grandes (5 à 8 m de haut pour les portes fluviales pour 8 à 9 m de large, ce qui permettait de faire passer simultanément deux bateaux), mais elles sont surtout très profondes : 4 m pour la porte fluviale extérieure et plus de 12 m pour la porte intérieure ! Il en est de même avec les portes terrestres : 2,5 et 4 m de large, 3 et 5 m de haut mais 6 et 13 m d'épaisseur de mur à cet endroit !
La pagode Ruiguang
La pagode Ruiguang (瑞光塔, Ruìguāng tǎ), fut construite en l'an 1004. Octogonale et composée de sept étages, elle s'élève à 53 m et est faite de briques et de bois. La vue panoramique de Suzhou à son sommet est tout aussi impressionnante que celle de la pagode du tempe Nord.
Temple de Wu Zixu
Wu Zixu était un ministre du roi Helu, du royaume de Wu, pendant la période des Printemps et des Automnes (-722 à -481). Il a eu un impact important sur la politique et la réussite du royaume pendant sa vie, surtout vers -514. Mais entré en désaccord avec le roi, celui-ci lui a ordonné de se suicider en -484 en lui offrant un sabre. Le roi a par la suite regretté son geste et un temple a été dressé pour louer la loyauté de Wu Zixu.
Ponts et canaux
Suzhou est connue pour être une ville de canaux. Elle en compte en effet un grand nombre, traversés par plusieurs centaines de ponts, mais pas autant que Venise.
Le centre historique de la ville est entouré d'un canal rectangulaire que rejoignent des voies d'eau qui le relient à des lacs.
La ville est également traversée par le Grand Canal de Chine, qui fut creusé dès le Ve siècle avant Jésus-Christ et qui relie Hangzhou à Pékin depuis le VIIe siècle. Ce canal a toujours été utilisé depuis, au moins en partie. Restauré sous la République populaire, il a toujours une importance économique et est parcouru de nombreux bateaux.
Les temples
Le temple du Nord
Ce temple a subi une restauration importante pendant la dynastie Ming. Il se compose de plusieurs bâtiments dont une salle de prière et des jardins. Mais c'est sa pagode qui est l'élément le plus intéressant.
Les jardins dont le temple dispose sont constitués d'un étang dont on peut faire le tour, dans lequel vivent des tortues. Plusieurs pavillons permettent de se reposer en profitant de l'atmosphère calme du lieu.
La pagode du temple est octogonale, réalisée en briques et en bois et s'élève à 76 m. C'est donc la plus haute de la ville. Elle eut autrefois onze étages mais n'en a plus que neuf. Elle offre une très belle vue panoramique sur la ville.
La présence d'une pagode en ce lieu remonterait au IIIe siècle, mais la forme de celle-ci date de la dynastie Song, réalisée entre les années 1131 et 1162. Brûlée, elle fut reconstruite pendant la dynastie Ming et a subi de nombreuses restaurations depuis.
Le temple du mystère
Appelé en chinois 玄妙观, Xuánmiào Guàn, il s'agit d'un temple taoïste situé près du centre de la ville historique. Il a été fondé en l'an 276, détruit pendant la dynastie Song et reconstruit entre 1174 et 1189.
L'une de ses salles est dédiée au dieu de la littérature, dont le nom astrologique est Wen Chang. Autour de lui se tiennent Confucius et Zhu Xi. La salle date du règne de l'empereur Qianlong, de la dynastie Qing.
Le temple Dinghui
Il est assez petit et situé à côté des pagodes jumelles.
Les pagodes jumelles
Ces deux pagodes octogonales, relativement petites, sont identiques et faites de briques.
Derrière elles se trouvent les ruines d'une salle de la dynastie des Song du Nord datant de 982, détruite pendant la dynastie Qin, vers 1860. On peut encore voir quelques colonnes se dresser et dse fragments de pierres sculptés. Autour, sur les côtés Est, Ouest et Nord se trouve un couloir avec des stèles gravées. L'ensemble faisait partie d'un temple.
La cathédrale
Située à l'Ouest de la ville historique, la cathédrale Notre-Dame-des-Sept-Douleurs, construite en 1887, a une architecture assez étrange, mélange des styles chinois (façade étagée et toits terminés par des cornes) et européen (colonnes grecques néoclassiques). Elle est faite de briques grises assez foncées.
L'intérieur est plus classique, avec une statue de la Vierge dans le chœur et les autels du Sacré-Cœur et de Saint Joseph sur les côtés.
Autres lieux
Musée de Suzhou
Ce musée a d'abord ouvert en 1960 dans l'ancienne demeure de Li Xiucheng, qui jouxte les bâtiments actuels, inaugurés en 2006, où il a été déplacé depuis. Ses collections comportent plus de 30 000 éléments. Parmi eux, 1600 sont exposés dans 3600 m² de galeries.
Certaines collections sont assez similaires à celles du Musée de Shanghai, comme les bronzes et céramiques, qui sont peu intéressantes lorsque l'on connaît déjà ceux de Shanghai. Cependant, ce musée présente des objets plus inhabituels, comme des vêtements de la dynastie Qing, de l'ivoire sculpté du XVIIIe siècle ainsi que des théières de l'époque Qing et même des boîtes à criquet de la dynastie Ming !
Le pilier en perles de la pagode Ruiguang
Cet objet a été découvert en 1978 dans la pagode Ruiguang de Suzhou. Celle-ci, construite en 241 sous l'empereur Sun Quan pendant la période des Trois royaumes disposait à l'époque de 13 niveaux mais a été reconstruite en 1119-1125 avec seulement sept niveaux.
Il s'agit d'une œuvre d'art haute de 1,2 m, datant de la dynastie des Song du Nord (960-1032), qui combine différentes techniques comme la peinture, la gravure et l'incrustation de métaux et pierres précieuses. La base, octogonale, représente le mont Sumeru et comprend huit lions d'argent. Au-dessus sont représentées seize divinités bouddhistes surmontées de huit piliers fins. Celui-ci soutient un toit doré et argenté portant des bijoux. Enfin, le tout est surmonté d'une perle de cristal qui symbolise la pureté.
Le bol vert-olive en forme de lotus
Il date de la période des Cinq dynasties (907-960) et a été découvert dans la pagode de Yunyan, à Suzhou, en 1957. Il s'agit d'un bol de 9 cm de haut et 14 cm de diamètre surmontant une soucoupe de 15 cm de diamètre. Le tout mesure 13,5 cm de haut. Les deux parties présentent des motifs en forme de lotus et sont faits d'une porcelaine verte, couleur olive. Sa facture est remarquable pour l'époque.
Demeure de Li Xiucheng
De 1851 à 1854 a eu lieu en Chine la Révolte des Taiping. Cette secte se prétendant d'inspiration chrétienne a tenté de contrôler toute la Chine en menant une guerre sanglante contre l'empire des Qing. Ce conflit, l'un des plus meurtriers de l'histoire, avec 20 à 30 millions de morts, a vu l'émergence d'un royaume vaste comme trois fois la France contrôlé par les Taiping et s'est achevé par l'intervention des armées française et britannique aux côté de l'armée Qing pour mettre fin à cette rébellion.
Le fondateur du mouvement, Hong Qiuquan, se prétendait fils de Dieu et frère de Jésus et disait avoir reçu la mission de détruire le « mal » incarné pour lui par la dynastie des Qing. L'un de ses généraux, Li Xiucheng (né en 1823 à Xinwang dans le Guangxi et mort à Nanjing en 1864), surnommé le « prince loyal » après avoir refusé de livrer son maître, a vêcu à Suzhou et sa vaste demeure peut être visitée. Elle a été utilisée comme locaux pour le musée de Suzhou de 1946 à 2006. On peut y apprendre l'histoire de Li Xiucheng, qui a tenté par trois fois de prendre Shanghai, ce qui a constitué l'une des causes de l'entrée en guerre des Français et Britanniques aux côtés des Qing.
Autres
L'Université
L'Université de Suzhou a plusieurs campus. Le campus Sud se situe près du centre de la ville historique et présente un buste de 张謇 (Zhang Jian), industriel et homme politique chinois ayant vêcu de 1853 à 1926.
La bibliothèque
Elle se situe près de l'Université de Suzhou
Le stade
Le stade du centre sportif se situe à l'Ouest de la ville, non-loin de la cathédrale.
Le quartier d'affaires
Il se situe à l'Ouest de la ville et comprend de nombreuses tours modernes.
La gare
Elle se situe un peu au Nord de la ville historique et relie, entre autres, Shanghai.
Cette page en français a été créée par Peter à partir de notes de voyage, 17 avril 2010 et modifiée pour la dernière fois 25 août 2020. Son avancement est noté 3/3.