Normandie
Un récit de trois voyages en Normandie : un pélerinage au Mont Saint-Michel et une visite de Caen, Rouen, Saint-Aubin, La Bouille et Ouistreham.
Introduction
La Normandie est divisée en deux régions : la Haute et la Basse-Normandie. Son nom vient de ceux qui l'ont conquise dans les premiers siècles de notre ère : les North Men, expression qui a donné « Normands ». Ceux-ci ont lancé des raids destructeurs sur Paris, Nantes, Poitiers, Arles, Clermont... et le royaume des Francs était dépassé par cette situtation.
En 911, le roi carolingien Charles le Simple a cédé le territoire allant de l'Epte (affluent de la Seine) à la Manche au chef viking Rollon, ce qui a donné le duché de Normandie. Rollon fut alors baptisé avec son entourage et les vikings s'intégrèrent au royaume des Francs en deux générations.
À l'apogée du duchée, Guillaume le Conquérant, fils illégitime d'un duc de Normandie, a conquis l'Angleterre et en est devenu roi, en 1066.
Au XXe siècle, cette région de France a connu le Débarquement, dont on peut encore observer les plages et falaises.
L'agriculture
Son agriculture est importante. Elle était réputée pour ses pommiers et son élevage de chevaux et vaches, aujourd'hui en diminution face aux cultures du blé, du maïs, de la betterave mais aussi du lin, qui s'effectue en plusieurs étapes :
- une fois arrivé à maturité, le lin est arraché
- les graines sont pressées pour obtenir de l'huile
- tandis que la pousse est séchée
- elle est ensuite passée dans une « tailleuse », machine appartenant à une coopérative et comportant des lames, qui tournent et séparent la paille de la fibre
- la fibre compose la filasse, qui est ensuite filée, ce qui donne le fil de lin
Les produits les plus connus de la gastronomie locale sont le Camembert, la pomme, le cidre, les tripes à la mode de Caen et l'agneau de pré-salé.
Rouen
Rouen est un port important depuis l'Antiquité, la ville étant située sur la Seine, à 80 km de l'embouchure. Son activité a beaucoup augmenté aux XIXe et XXe siècles et accueille de nos jours l'Armada de Rouen, un rassemblement de grands voiliers.
L'histoire médiévale de la ville retient le personnage de Jeanne d'Arc, qui y fut brûlée vive sous l'occupation anglaise, pendant la guerre de Cent ans.
La ville possède un patrimoine historique considérable, endommagé pendant la Seconde guerre mondiale, mais restauré ou rebâti depuis. On peut donc se promener très agréablement dans ses vieux quartiers et admirer ses magnifiques façades à colombages et ses nombreux monuments historiques.
En ce qui concerne le transport, les éléments remarquables sont le tramway et le pont Gustave-Flaubert, plus grand pont levant d'Europe.
La cathédrale Notre-Dame
La cathédrale Notre-Dame est un édifice dont la construction a commencé en 1020 et a duré jusqu'au XVIe siècle, qui a connu des remaniements ultérieurs. Sa flèche en fonte, du XIXe siècle s'élève à 151 mètres de hauteur, ce qui en fait la plus haute cathédrale de France.
Sa façade mesure plus de 60 mètres de long et comporte trois flèches de styles très différents. Claude Monet l'a peinte à 28 reprises, par temps différents, en 1892-1893.
La nef est construite sur quatre niveaux. On peut y voir un escalier ouvragé, l'« escalier des libraires », qui donnait accès à la bibliothèque. L'orgue date de 1956, construit lors de la restauration de la cathédrale, suite aux importants dégâts de la Seconde guerre mondiale.
Autres monuments
L'abbatiale Saint-Ouen
Il s'agit de l'église de l'ancienne abbaye bénédictine, qui n'est plus occupée depuis la Révolution. L'édifice date du XIVe siècle et sa façade néogothique du XIXe siècle.
L'hôtel de ville
L'hôtel de ville est l'ancien dortoir des moines de l'abbaye Saint-Ouen, qui le jouxte. Le bâtiment fut transformé en 1825 pour s'adapter à sa nouvelle fonction. Il dispose depuis d'une façade néoclassique avec des colonnes et un fronton.
Sur la place se trouve une statue de Napoléon Bonaparte de Vital Dubray datant de 1825, dont le bronze est celui des canons pris à la bataille d'Austerlitz.
Le Gros-horloge
Le Gros-horloge est une horloge astronomique datant de 1389, située au-dessus d'une rue, au pied d'un beffroi. Les cadrans sont de style Renaissance et datent du XVIe siècle, l'œuvre ayant connu de nombreuses restaurations au cours des siècles.
Le bas-relief sous la voûte montre l'Agneau Pascal, qui est l'emblème de Rouen et figure sur son blason, et le Christ Bon Pasteur.
L'aître Saint-Maclou
L'aître Saint-Maclou est un ancien ossuaire, c'est-à-dire un cimetière où sont entreposés les os, situé près de l'église Saint-Maclou. Sa construction est due à deux épidémies de peste, aux XIIIe et XVIe siècles.
On peut y voir le cadavre d'un chat momifié, qui aurait été emmuré vivant lors de la construction, pour éloigner le diable. Il s'agit en réalité d'un canular datant des années 1950.
Le bureau des finances
Ce magnifique bâtiment de style Renaissance est actuellement occupé par l'office de tourisme.
Le palais de justice
Construit au début du XVIe siècle, il est l'ancien siège du parlement de Normandie.
La place du marché
C'est sur cette place que Jeanne d'Arc fut brûlée vive par les Anglais le 30 mai 1431. L'église Sainte-Jeanne-d'Arc y fut construite en 1979 mais ses vitraux datent du XVIe siècle.
Le mont Saint-Michel
« Le Couesnon dans sa folie a mis le Mont en Normandie » : cette phrase justifie l'appartenance du mont à la Normandie et non à la Bretagne.
Le mont compte 72 habitants en 1999. Il est relié à la terre par une digue de 1800 m de long, remplacée en 2015 par une passerelle. Il est visité par 3 millions de touristes chaque année. Son propriétaire est l'État français, à travers les Monuments nationaux. Les religieux, qui appartiennent aux Fraternités monastiques de Jérusalem, sont soumis à l'autorité civile et ne peuvent ni organiser de visites, ni faire de commerce.
Depuis 1998, l'association Les chemins de Saint Michel a fait baliser les chemins empruntés par les pélerins depuis la fin du VIIIe siècle. Il y a en tout neuf routes, soit 3500 km parvenant au Mont depuis Cherbourg, Barfleur, Caen, Paris, Rouen, Chartres, Tours, Saint-Jean-d'Angély et Aulnay-de-Saintonge.
Histoire
Selon la légende, l'actuelle baie du mont Saint-Michel était initialement une forêt, la forêt de Scissy, d'où dépassaient trois gigantesques rochers : le mont Tombelaine, le mont Dol et le plus gros, le mont Tombe, ainsi nommé à cause d'une énorme pierre, sans doute un tombeau préhistorique, placé au sommet.
Aubert, l'évêque d'Avranches, avait une demeure dominant la forêt. Une nuit de 708, celui-ci rencontra en songe l'Archange Saint Michel, qui lui demanda de bâtir un lieu de culte au sommet du Mont. L'évêque, qui croyait qu'il s'agissait d'une plaisanterie, ne réagit qu'au bout de la 3e apparition, quand Saint Michel lui enfonça son doigt de lumière dans le crâne (on peut d'ailleurs voir un crâne percé dans la cathédrale d'Avranches). L'évêque s'exécuta et fit construire le premier sanctuaire, qui sera dédié à l'Archange la même année. Pour construire le sanctuaire, il fallut déplacer la tombe préhistorique. Par miracle, un petit garçon arriva à déplacer l'énorme bloc du bout du pied. On envoya ensuite des émissaires en Italie recueillir des reliques de Saint Michel. Quand ils revinrent, en 709, ils virent que la mer avait submergé la forêt de Scissy, faisant du Mont une île.
Le IXe siècle est le temps des grandes invasions normandes. En 911, le chef normand, Rollon, se fit baptiser au Mont. Au début du XIe siècle, le nouveau duc de Normandie, Richard II, offre les îles Chausey qui fourniront le granite. Des terres, bois, bourgs fourniront l'argent nécessaire à la construction d'une nouvelle abbaye. Il demande ses services à un grand bâtisseur bénédictin, nommé Guillaume de Volpianau. Il concevra l'église romane de l'abbaye.
Celle-ci sera à son apogée avec l'abbé Robert de Torigny (ou Robert du Mont), quand le Mont appartiendra à la couronne d'Angleterre mais redeviendra français avec le roi Philippe Auguste. Un ensemble de six éléments sur trois niveaux, unique au monde, appelé « la Merveille » sera construit par les moines grâce aux dons de rois de France.
C'est de l'époque de la guerre de Cent Ans que date la transformation de l'abbaye en une imprenable citadelle. En 1333, des pélerinages d'enfants se forment. Ils viennent demander protection à l'Archange. En 1421, le chœur de l'église s'effondre. Il est rebâti de 1446 à 1500. Louis IX (Saint Louis), fut un des plus célèbres pélerins du Mont.
La révolution mit fin à huit siècles de présence monastique. Le mont a servi de prison tout au long de son histoire. La prison sera officiellement fermée en 1863, sous l'influence de grands hommes, tels que Théophile Gautier ou Victor Hugo.
De 1878 à 1879, on construisit la fameuse digue responsable de l'ensablement progressif du Mont. En 2015, celle-ci est remplacée par une passerelle et le nouveau barrage du Couesnon, avec des lâchers d'eau réguliers, désensablera la baie pour que le Mont redevienne une vraie île. Une petite communauté monastique s'est reformée en 1965.
Visite
Nous arrivons sur le mont après avoir fait face aux périls de la traversée de la baie et entrons par la porte de l'Avancée. À cet endroit se trouvent deux bombardes anglaises, abandonnées lors de la guerre de Cent Ans. Nous franchissons ensuite la porte du Boulevard. Nous apercevons ensuite le célèbre hôtel de la mère Poulard spécialisée dans les omelettes. La troisième porte est la porte du Roy, aux armes des abbés de la ville. Nous pouvons ensuite admirer l'architecture normande (fenêtres à meneaux, encorbellements, pignons...) puis l'église paroissiale Saint-Pierre. À l'intérieur se trouve une chapelle avec des ex-voto ainsi que la statue de Saint Michel. Il tient dans ses mains une épée et un écu et terrasse le dragon. L'abbaye est défendue par une barbacane crénelée. Une porte s'ouvre entre deux tours, dans la façade d'un bâtiment appelé le Châtelet. Elle mène à l'escalier du gouffre, qui va jusqu'à la salle des gardes. Nous poursuivons l'ascension grâce à l'escalier du Grand Degré qui comporte 90 marches. Nous pouvons ensuite admirer le merveilleux panorama qui s'offre à nous. Nous voyons toute la baie, les près salés et les moutons, qui paraissent minuscules. Nous sommes au centre et au sommet du Rocher, devant l'église abbatiale.
L'église abbatiale
Sa hauteur est de 78 m. Elle se compose de deux parties : le chœur, de style gothique et la nef, de style roman. À l'intérieur de l'abbaye, un escalier permet d'entrer dans un contrefort, puis d'accéder à une plateforme, l'escalier de dentelle. Au sommet de l'église abbatiale se trouve une statue de l'archange. L'église repose sur des cryptes.
La merveille
Cet ensemble de bâtiments se trouve sur le flanc Nord et fut construit grâce aux dons de Philippe Auguste. Les étages se subdivisent en deux parties distinctes dans le sens de la longueur : à l'Est un penchant pour les nourritures terrestres et à l'Ouest pour les activités manuelles et spirituelles.
Étage | Ouest | Est |
---|---|---|
Haut | Cellier | Réfectoire |
Milieu | Salle des chevaliers (salle d'étude des moines ou scriptorium) | Salle des hôtes |
Bas | Cloître | Accueil-aumônerie |
Le cloître
Il mesure environ 25 m de long et 14 m de large. Les galeries sont en schiste gris. Les arcades s'appuient sur de petites colonnes en poudingue pourpre. Les arcades sont surmontées d'étoinçons en calcaire blanc.
Les remparts
À la sortie de la barbacane du Châtelet, quelques marches mènent à la tour Claudine. Puis on descend vers l'échauguette et la tour Nord. Nous parcourons le chemin de ronde d'où l'on peut apercevoir les îles Chausey, situées à environ 30 km à vol d'oiseau. Puis nous arrivons à la tour Boucle, découpée de mâchicoulis et dont la base baigne dans la mer. La tour suivante est celle de Chauley. Ensuite vient la tour basse puis celle de la liberté. Et enfin la tour Arcane qui abritait le guet et qui se distingue par sa toiture. Avant de descendre l'escalier qui nous ramène à proximité de la porte du Roy, nous pouvons voir la tour du même nom et plus à gauche, la tour Gabrielle.
Caen
Caen a connu beaucoup de destructions durant la seconde guerre mondiale. On peut cependant y observer des bâtiments anciens.
C'est à Caen que l'on a extrait les pierres de couleur jaune qui ont servi à la construction de la cathédrale de Canterbury et de la tour de Londres.
Hôtel d'Escoville
Cet hôtel a été construit en 1535. On peut y observer des statues, notamment celles de David tenant la tête de Goliath et de Judith tenant celle d'Halophernes.
Église Saint-Pierre
Son édification s'est étendue entre les XIIe et XVIe siècles.
Église Saint-Michel
Cette église fut construite entre les XIIe et XVIIIe siècles. Sa façade classique et sa tour octogonale datent de 1780.
Château de Caen
Construit sous Guillaume le Conquérant, au XIe siècle, il abrite un musée des beaux-arts.
Le Mémorial
Le Mémorial de Caen est consacré à la Seconde guerre mondiale. On peut y voir des documents d'époque, des maquettes et films retraçant l'histoire du Débarquement ainsi qu'un ensemble de salles tournées vers le présent (informations religieuses et géopolitiques sur notre monde) et vers le futur.
Les transports
Caen dispose de deux lignes de tramway. Il s'agit de véhicules électriques sur pneus guidés par un rail central. Il passe devant la gare SNCF.
Alençon
Basilique Notre-Dame
Cette église gothique, commencée au XIVe siècle, est située près de l'office de tourisme et des remparts, dans la vieille-ville.
Elle est connue notamment pour être le lieu du mariage des bienheureux Louis et Zélie martin (1858) et du baptème de leur fille Marie-Thérèse (1873), future Sainte Thérèse de Lisieux. L'église est une basilique depuis 2009.
Elle comporte de nombreux vitraux dont un représente le baptème de Sainte Thérèse.
Lisieux
Cette ville est à présent connue pour être le lieu où a vécu Sainte Thérèse. Une basilique colossale fut construite sur les hauteurs du lieu au début du XXe siècle.
Le zoo de Lisieux abrite, sur un domaine de 70 ha, 1500 animaux sauvages en semi-liberté. Il propose deux circuits, à faire en train ou à pieds, ainsi qu'un cinéma 3D.
Sées
Cathédrale Notre-Dame
La première cathédrale en ce lieu remonte à l'an 440. L'édifice actuel, de style gothique, fut construit de 1210 à 1310. Elle fut considérablement restaurée au XIXe siècle en raison de son mauvais état, mais dans une grande fidélité à la construction d'origine.
La nef comporte six travées. Derrière le chœur se trouvent cinq chapelles rayonnantes.
La rosace Sud représente le Christ entouré des douze apôtres, au-dessus des prophètes et patriarches de l'Ancien Testament.
La rosace Nord figure le Christ et ses apparitions, au-dessus des saints et évêques du diocèse de Sées.
Basilique de l'Immaculée-Conception
Cette église est la première en France à être dédiée à l'Immaculée-Conception, décidée le même mois que la proclamation du dogme, en décembre 1854. Elle fut construite de 1855 à 1859. Elle devient basilique mineure en 1902.
Autres lieux
La côte d'Albâtre
Cette côte dispose de magnifiques falaises, dont celle d'Étretat, célèbre pour son arche et son aiguille haute de 55 m.
À Dieppe, on peut admirer la statue de Saint-Jacques et l'église Notre-Dame-du-Bon-Secours. Les églises de Varengeville-sur-Mer, en haut des falaises, et Saint-Martin de Veulez-les-Roses sont également remarquables.
Ouistreham
Les plages de Ouistreham comptent parmi celles du Débarquement. Celui-ci a rassemblé 1213 bateaux de guerre, 736 navires de soutien, 864 cargos et 4126 engins et péniches, qui ont débarqué 20 000 véhicules et 156 000 hommes sur cinq plages renommées Utah, Omaha, Gold, Juno et Sword beach. L'opération a duré plusieurs semaines.
Ouistreham compte également un port de plaisance et un port de pêche.
La Bouille
La Bouille est un petit village situé sur une des boucles de la Seine.
On peut y prendre un bac pour la traverser.
Fresney-le-Vieux
Situé non-loin de Caen, ce village possède un manoir et une belle église.
L'église Saint-Jean-Baptiste
Cette église de style néoroman date du XIXe siècle.
Pont de Normandie
Lors de sa construction, en 1992, il était le plus long pont à haubans du monde, avec une travée centrale de 856 m. Il domine la Seine, à plus de 50 m de hauteur pour ne pas gêner la navigation. Le chantier a rassemblé plus de 500 personnes et au total, plus de 1600 ont participé à l'ouvrage.
Biographie
Biographie de Guillaume le Conquérant
Duc de Normandie puis roi d'Angleterre né en 1027 à Falaise ; décédé 3 septembre 1087 à Rouen.
Fils illégitime de Robert le Magnifique, il hérite du titre de duc de Normandie à l'âge de huit ans. Il doit se battre pour conserver son pouvoir. Il devient roi d'Angleterre en 1066, après la célèbre bataille d'Hastings. De là vient la devise anglaise : « Dieu et mon droit », qui s'écrit en français.
Cette page en français a été créée par Peter à partir de notes de voyage, 15 juin 2000 et modifiée pour la dernière fois 25 août 2020. Son avancement est noté 2/3.