Amiens
Une visite de la ville d'Amiens, en Picardie, célèbre pour sa cathédrale Notre-Dame contenant des stalles et la relique du crâne de Saint Jean-Baptiste.
Introduction
La ville d'Amiens est devenue une commune auto-gérée en 1117. Un donjon est alors construit pour symboliser le lieu du pouvoir. Lorsque la ville rattachée au domaine royal au XVe siècle, le donjon est remplacé par un beffroi, construit entre 1406 et 1410 et dont les cloches datent du XVIe siècle.
Pendant de nombreux siècles, la richesse de la ville venait de la fleur de Guède (Isatis tinctoria : pastel des teinturiers, Waide en picard), utilisée comme teinture. Ce pigment a par exemple servi pour colorer certains éléments de la façade de la cathédrale ou encore les uniformes français de la Première Guerre Mondiale.
Le quartier Saint-Leu
Il s'agit d'un quartier assez étudiant, composé de petites maisons séparées par des canaux.
On peut y voir une statue de Lafleur, héros et marionnette d'Amiens.
La cathédrale Notre-Dame
Introduction
La cathédrale Notre-Dame d'Amiens, en Picardie, est un édifice de style gothique classique. La cathédrale dispose de la nef la plus haute de France (depuis que la flèche de celle de Beauvais s'est effondrée, en 1573, privant la cathédrale de nef) : 42,3 mètres à l'intérieur. Sa flèche culmine à 112,70 mètres. Les deux tours de la façade sont de hauteurs différentes, signe que la ville est le siège d'un évêché et non d'un archevêché ; la plus haute mesure 66 mètres. Le volume intérieur du bâtiment avoisine les 200 000 mètres cube, soit deux fois celui de Notre-Dame-de-Paris.
L'histoire
En 1206, le chanoine Wallon de Sarton rapporte de Constantinople, prise pendant la quatrième croisade, la relique du crâne de Saint Jean-Baptiste. Elle est déposée dans l'église romane d'Amiens, qui brûle en 1218. Pour abriter à nouveau la relique, la construction d'une cathédrale est décidée. L'architecte sera Robert de Luzarches.
Au XIIIe siècle, la ville d'Amiens est riche. Elle tire ses revenus du « Bleu d'Amiens », teinture tirée de la fleur de Guède (Isatis tinctoria : Pastel des teinturiers, Waide en Picard). La cathédrale sera bâtie en moins de 25 ans (1220 à 1243) grâce à l'argent de la commune. Cette fleur sera donc représentée sur la façade et la teinture utilisée pour colorer certains éléments de la façade.
Suite à un concours de poésie en 1388, la Confrérie Notre-Dame du Puy réalise une série de tableaux qui seront accrochés par groupes de quatre sur les piliers de la cathédrale. Des tables de marbre noir où sont gravés les noms de tous les maîtres successifs se trouvent dans le transept, sous un bas-relief détaillant la vie de Saint Jacques. Ces noms sont accompagnés de « palinos », qui sont des refrains choisis par chacun des maîtres. Cette confrérie a existé jusqu'à la fin du XVIIe siècle et a réalisé sur cette période près de 200 œuvres dont une centaine de tableaux, des clôtures de chapelle, des retables ainsi que d'autres objets religieux comme des bénitiers.
En 1730, la cathédrale subit une modification importante. On raconte qu'en montant à la chaire le jour de Pâques, un Jésuite s'est pris les pieds dans un des cadres. Peu après, la majorité des Puys est détruite, ainsi que tous les vitraux, jugés à l'époque trop médiévaux, remplacés par du verre blancs. Il s'agit d'une des conséquences de la contre-réforme : l'Église souhaite retrouver une part de sobriété dans ses édifices. Sur plus de cent-cinquante Puys, seule une trentaine de tableaux furent conservés. La confrérie a cependant perduré jusqu'en 1791.
La cathédrale et en particulier la statue d'un ange pleureur est devenue mondialement connue lors de la Seconde Guerre mondiale, lorsque de nombreux soldats américains, passant par Amiens, ont voulu écrire à leur famille pour leur donner de leurs nouvelles. En effet, la seule carte postale disponible représentait cet ange pleureur dont l'image a ainsi voyagé jusqu'en Amérique, dotée de surcroît d'une valeur symbolique forte puisque l'ange pouvait symboliser l'innocence pleurant de l'horreur de la guerre qu'ont mené ces soldats. Face à cette sculpture se trouve une chapelle avec des ex-voto de soldats et les drapeaux anglais, américain et néo-zélandais.
Pendant la première guerre mondiale, la cathédrale reçoit fréquemment des obus, jusqu'à ce que l'intervention de l'évêque Mgr de la Villerabel et du pape Benoît XV auprès des autorités allemandes fasse cesser les bombardements.
La cathédrale a été miraculeusement épargnée pendant la seconde guerre mondiale, alors que la ville a brûlé en 1940. Enfin, elle a été classée au patrimoine mondial de l'UNESCO en 1981.
Description
La façade
La façade présente trois portails.
Celui du centre contient une statue du Christ-Roi-Beau-Dieu qui écrase le démon et l'orgueil. Autour de lui se trouvent les apôtres et les prophètes. Le tympan montre le jugement dernier. Sur les murs se trouvent des quadrilobes où sont représentés les vices et les vertus.
Le portail Nord est décoré d'une statue de Saint Firmin, premier évêque d'Amiens. Les quadrilobes présents en dessous contiennent les signes du Zodiac, ce qui est assez rare sur un cathédrale car il s'agit de signes païens. Ils sont cependant accompagnés d'images des travaux des champs associés aux mois qu'ils représentent. Les ouvertures dans les bas-reliefs servaient à déposer des lampes à huile pour illuminer la façade.
Le portail Sud, enfin, montre une statue de la Vierge à l'Enfant. Le tympan représente l'assomption : les apôtres mettent Marie au tombeau puis des anges l'en sortent. Plus haut, elle siège auprès de Jésus.
La nef
Un élément marquant de la nef est son pavage qui, sur l'une de ses parties, se compose de Svastikas noires sur fond blanc. Cette partie date du XIXe siècle. Sur le côté Sud de la nef se trouvent les gisants de deux évêques de la cathédrale.
Au Moyen-Âge, la nef était séparée du chœur par un jubé. À la Pentecôte, on jetait des échouppes enflammées depuis la galerie pour symboliser la descente de l'Esprit Saint Au centre de la nef se trouve un labyrinthe : un trait noir de 234 mètres de long symbolise un pèlerinage et le parcourir à genoux équivaudrait à cheminer jusqu'à Jérusalem. En son centre se trouve une dalle noire sur laquelle sont représentés quatre personnages blancs : un évêque et trois architectes, accompagnés de quatre petits anges.
Œuvres remarquables
La vie de Saint Firmin, décapité en 303 est résumée sur un bas-relief. On peut y voir Saint Sauve, lui aussi évêque d'Amiens, mais vers 600, ordonner trois jours de prière alors qu'un rayon lumineux indique l'emplacement de la tombe de Saint Firmin.
L'autel de la Confrérie du Puy est remarquablement décoré.
La relique
La relique de la cathédrale est un crâne en deux parties, qui serait celui de Saint Jean-Baptiste. Le crâne lui-même est percé d'un trou dissymétrique au-dessus de l'extrémité droite de l'arcade sourcilière gauche. L'autre partie est un morceau d'os qui semble correspondre à ce trou. Le crâne fut rapporté par un chanoine de Picquigny, Wallon de Sarton, pendant la quatrième croisade, en 1206.
Les artistes médiévaux ont justifié l'authenticité de ce crâne en réalisant une fresque sculptée racontant la vie du saint. On peut en effet y voir Hérodiade, la femme du roi Hérode donner un coup de couteau à la tête de Jean-Baptiste, ce qui justifierait l'origine du trou...
Lors de la Révolution française, la relique (ainsi que l'ensemble des œuvres de la cathédrale) a été sauvée de justesse par le maire de la ville, Alexandre Lescouvé.
Une expertise, en 1959, a confirmé que ce maxillaire supérieur était celui d'un sémite de 30 à 40 ans contemporain de la vie du Christ. Le maxillaire inférieur, conservé à Verdun, n'est en revanche pas de la même époque.
Les stalles
Les stalles constituent un élément exceptionnel de la cathédrale d'Amiens. Il s'agit de 110 sièges en bois, disposés sur deux rangées, où s'asseyaient les chanoines (d'où le terme « s'installer »). Conçues et fabriquées entre 1508 et 1519, leur finesse est impressionnante et les fait ressembler à de la dentelle de bois. Ce chef d'œuvre unique au monde a nécessité onze ans de réalisation, qui ont mobilisé six menuisiers.
Pour conférer ses qualités au bois de chêne, celui-ci était trempé trois ans dans de l'eau de mer, deux dans de l'eau douce et séchait pendant 70 ans.
Outre les 2200 fleurs de lys, on peut dénombrer 4700 personnages. De nombreux passages bibliques y sont sculptées, comme l'histoire du prophète Joseph en Égypte (près des trois quarts des stalles), la vie de Moïse, le Nouveau Testament, ainsi que des scènes de la vie quotidienne. La richesse des détails est extraordinaire et témoigne de la vie des sculpteurs, c'est-à-dire de ce qu'était Amiens au XVe siècle.
Sources et références
- Page sur les Puys, site de l'Université de Picardie
- Jean Macrez, Mémoires d'une gargouille, ouvrage documentaire publié en 2003, ISBN 2950419356 ; 159 pages
Lieux remarquables
Les chapelles et églises
Elles sont relativement nombreuses.
La chapelle de l'école Sainte-Clothilde
L'intérieur de la chapelle est remarquable.
L'église Saint-Jacques
Elle est de style néoclassique à l'extérieur, mais beaucoup plus moderne à l'intérieur, particulièrement en ce qui concerne les vitraux et peintures murales.
L'église Saint-Leu
Cette église du XVe siècle est de style gothique.
L'église Saint-Germain
Elle est de style gothique flamboyant.
Autres églises
On peut encore admirer :
- L'église Saint-Martin
- L'église Saint-Rémi
Maison de Jules Verne
Jules Verne, né à Nantes en 1828, est arrivé dans cette maison avec sa femme Honorée en 1882. La maison comporte une tour et contient un musée consacré à l'auteur et à ses œuvres.
Autres lieux remarquables
Parmi les autres monuments d'Amiens, on peut citer :
- L'hôtel de ville
- Le beffroi
- L'horloge de Dewailly
- Le logis du roi, qui date du XVIe siècle
- Le palais de justice, de 1874, de style haussmanien
- La statue de Pierre l'Hermite prêchant la première croisade
- La tour Perret, commencée en 1947
Cette page en français a été créée par Peter à partir de notes de voyage, 18 novembre 2007 et modifiée pour la dernière fois 25 août 2020. Son avancement est noté 2/3.