Espagne
Récit de deux voyages en Espagne, de Madrid à Aranjuez, Tolède, Ségovie, Burgos et Ávila et sur les traces de Don Quichotte de la Mancha.
- Parenté :
- Europe
- Espagne
Introduction
Cette page présente différentes villes espagnoles visitées au cours de deux voyages, dont un pélerinage et un voyage culturel et linguistique. Sont présentées les villes de : [Madrid] - [Aranjuez] - [Tolède] - [Burgos] - [Ségovie] - [Ávila] ainsi que la région de [La Mancha]
Ce récit commence par des repères [historiques] et [géographiques] sur l'espagne.
Histoire espagnole
- 711 : invasion arabe de Tarik
- 718-1492 : la Reconquista
- 1492 : Les « Rois catholiques », Isabelle de Castille et Fernando d'Aragon, prennent Grenade qui était le dernier royaume arabe d'Espagne, dirigé par Boabdil. Ils unifient l'Espagne en expulsant les Juifs ou en les forçant à se convertir, sous le contrôle de l'Inquisition. Pour unifier la population, on écrit la première Grammaire du Castillan (qui est devenu l'espagnol actuel). Christophe Colomb découvre l'Amérique (en fait l'île de San Salvador, dans les Bahamas).
- XVIe siècle : le « siècle d'or » : apogée de l'Espagne sous Charles Quint qui dirige un empire où « le Soleil ne se couche jamais » (puisqu'il est présent tout autour de la terre, de l'Europe en Amérique du Sud et aux Philippines).
- 1703 : pendant la Guerre de Succession d'Espagne, les Anglais prennent Gibraltar, un territoire andalous de 6km².
- 1808 : Napoléon Bonaparte envahit l'Espagne et place son frère Joseph sur le trône. Celui-ci sera surnommé Pepe botellas par les Espagnols car il a la réputation de boire. Le 2 mai, une révolte tentera de chasser les Français mais celle-ci sera cruellement réprimée le lendemain (scènes peintes par Goya : El 2 de Mayo et El 3 de Mayo). Les colonies espagnoles profitent de la situation pour prendre leur indépendance (sauf Porto Rico et Cuba qui sera indépendant en 1898).
- 1873 : Première République, qui ne dure que quelques mois.
- 1931 : Le 14 avril, la Seconde République est proclamée. Le roi Alphonse XIII abdique. La République se donne pour mission de répartir équitablement les terres. Les Républicains, anticléricaux, seront parfois violents envers les propriétaires terriens.
- 1936 : Une guerre civile éclate alors entre les Républicains et les Nationalistes. Les premiers, « les rouges », seront aidés par les Brigades Internationales, des volontaires du monde entier qui souhaitaient rétablir la démocratie. Les seconds, dirigés par Francisco Franco, sont soutenus par les armées allemande et italienne.
- 1937 : en avril, les avions de la Légion Condor bombardent le village basque de Guernica. C'est un lieu symbolique : c'est au pied d'un arbre de ce village que les rois espagnols juraient de respecter les « fueros » qui étaient les droits relatifs à chaque royaume espagnol. En effet, la République voulait accorder son indépendance au Pays Basque, ce que refusaient les Franquistes.
- 1939 : la Guerre Civile s'achève par la victoire de Franco. Sa dictature durera jusqu'en 1975. Elle sera surnommée vers la fin « dictablanda » en raison d'un affaiblissement de l'autorité de Franco.
- 1975 : établissement de la Monarchie Parlementaire, dirigée par Juan Carlos de Borbon (d'origine française : il descend de Louis XIV). Les élections du gouvernement se font tous les quatre ans. Le chef actuel du gouvernement est José Luis Rodriguez Zapatero du PSOE.
Géographie espagnole
Le pays est composé de 17 régions (les « communautés autonomes » dont les archipels des îles Canaries et Baléares) possédant une certaine indépendance ainsi que deux villes sur le continent africain : Ceuta et Melilla qui se situent sur la côte marocaine.
Le Pays basque espagnol est présenté sur un article à part :
Page dédiée : Hegoalde
Un exposé détaillé sur le Pays Basque espagnol, sa culture, son patrimoine, sa géographie et ses sites touristiques typiques.
Madrid [carte]
D'abord ville romaine puis arabe mineure, Madrid a pris progressivement de l'importance avant de devenir la capitale de l'Espagne en 1561, sous le règne de Philippe II. Ses armoiries représentent un ours s'appuyant sur un arbousier. C'est actuellement une ville moderne et touristique de plus de 3 millions d'habitants. Elle a accueilli les Journées mondiales de la jeunesse en 2011.
La cathédrale Sainte-Marie
La cathédrale Sainte-Marie de la Almudena (« Almudena » est un mot d'origine arabe qui signifie « citadelle ») est située juste à côté du palais royal. Elle mesure 102 m de long et 73 m de haut. Construite de 1883 à 1985, elle est de styles néoclassique et néogothique. Elle est remarquable par sa coupole dont la croix s'élève à une centaine de mètres de hauteur ainsi que par ses deux tours.
L'intérieur abrite de nombreuses œuvres d'art, dont un magnifique retable situé dans le transept Ouest (la nef est construite selon un axe Nord-Sud). Les plafonds, très originaux, ressemblent à des palmes de couleur verte accompagnées de motifs géométriques multicolores.
Le Palais Royal
Ce palais fut construit par les arabes puis transformé au XVIe siècle. Il a ensuite brûlé avant d'être reconstruit par des artistes italiens. Le dernier roi à y avoir habité est Alphonse XIII. Il est actuellement le deuxième plus grand palais d'Europe et appartient à l'État. Il est entre les mains d'ateliers de restauration. Il comporte six étages dont trois sous-sols.
Les éléments remarquables de ce palais (outre ses 300 horloges !) sont :
- À l'entrée, une statue équestre de Philippe IV, creuse pour que le cheval puisse se dresser sur ses pattes arrières.
- L'escalier principal est en marbre et les marches sont faites d'une seule pièce. La décoration est assurée par la fresque d'une allégorie et par le blason de Juan Carlos.
- Le Salon des Halebardiers contient des tapis de la Manufacture Royale. Certains sont originaux, d'autres sont récents (1991). La voûte est décorée par des peintures mythologiques.
- Une des salles contient des lustres de Paris du XIXe siècle, des tapisseries de Raphaël du XVIIe siècle, une statue de Charles Ier ainsi qu'une peinture représentant la naissance du Soleil.
- La salle du trône est restée dans sa décoration originale, avec ses meubles en bois doré. Autour du trône sont placés des lions en bronze du XVIIe siècle. Le tapis est original et les lustres italiens. La fresque au plafond représente la grandeur de l'Espagne.
- La salle suivante, réalisée par un artiste italien, contient quatre tableaux (deux représentant Salomon, un Rome et le dernier la mort de Sénèque).
- L'antichambre suivante met en valeur quatre tableaux, de Charles IV et de sa femme. La fresque représente l'apothéose d'Hercule et quatre de ses douze travaux.
- La salle des « chinoiseries » nous présente une table de Rome, placée sous un lustre de 500 kg qui éclaire des statues chinoises.
- Le salon de Charles III était à l'origine une chambre à coucher. Elle a été transformée par son petit-fils pour lui rendre hommage. Les symboles utilisés sont le lion et le château. Les lustres sont en bronze doré. La fresque est de Biscente Lopez et représente le roi remerciant la naissance de son petit-fils.
- Le cabinet de porcelaine provient d'une manufacture espagnole et contient une horloge planétaire du XIXe siècle.
- La salle à manger de gala fut inaugurée par Alphonse XII. Les tapisseries sont de Bruxelles et les vases chinois du XVIIIe siècle. Trois chambres ont été unies pour faire cette immense pièce mais les fresques originales ont été conservées. La table peut mesurer jusqu'à 36 m.
- Vient ensuite une salle de musique/cinéma/orchestre du roi Alphonse XIII avec une décoration de table en bronze doré. Des médailles et objets originaux sont exposés ainsi que de la vaisselle en argent doré pour 500 invités. Un des saladiers en argent pèse 15 kg.
- Deux salles nous proposent des instruments :
- Violons et violoncelles stradivarius (les cinq instruments exposés ayant une valeur incalculable, ils voyagent chacun dans un avion particulier !)
- Harpes classiques
- Pianos
- Guitares espagnoles
- Une salle expose de la vaisselle en porcelaine du XVIIIe siècle et de la verrerie (6 verres par invité !).
- Dans la salle de Marie-Christine d'Habsbourg sont présents des palais miniatures pesant chacun 350 kg et un portrait d'Alphonse XII.
- Une salle de billard en noyer.
- Un fumoir oriental en porcelaine.
- Une salle de conversation de style pompéien laissant paraître des portes vers les chambres officielles.
- Une pièce est décorée avec 20 bois de couleurs différentes.
Les places
La Plaza de España
Cette place est très connue pour son monument dédié à Miguel de Cervantes, l'auteur de Don Quichotte. Le monument comporte une statue de Cervantes, en pierre, accompagnée de statues équestres, en bronze, de Don Quichotte et Sancho Panza.
La Plaza de la Vila
Cette place magnifique abrite le siège de la mairie de Madrid, dans un bâtiment du XVIIe siècle. On y trouve également une statue de Don Álvaro de Bazán, un amiral du XVIe siècle qui a commandé l'Invincible Armada.
La Plaza Mayor
Cette place est organisée comme un village, avec ses commerces. Elle est carrée et fermée avec des portes. En son centre se dresse une statue équestre de Philippe III.
La Plaza del Sol
Le bâtiment principal de cette place est la présidence de la Communauté de Madrid. Celui-ci affiche l'heure officielle de l'Espagne. Devant cette administration est sertie une plaque délimitant le « kilomètre zéro », point à partir duquel sont comptées toutes les distances du pays.
Les églises
Le séminaire
C'est un vaste bâtiment en briques, peu éloigné de la cathédrale.
Basilique royale Saint-François-le-Grand
De style néoclassique, elle date de la deuxième moitié du XVIIIe siècle.
Église de los Jéronimos
Cette église appartient à l'ancien monastère de l'ordre de Saint-Jérôme qui s'y trouvait. De styles néogothique, elle remonte au XVIe siècle.
Basilique hispano-américaine de la Merced
Cet édifice, très haut de plafond, est extrêmement moderne, tant par son architecture que par sa décoration.
Chapelle de la Communauté de l'Agneau
Elle fait partie du site qui abrite la Communauté de l'Agneau. Elle est remarquable par son retable.
Église Sainte-Marie-Madeleine
Il s'agit d'une petite église moderne, en briques.
Église Saint-Manuel-et-Saint-Benoît
De style néobizantin, elle date de la première décennie du XXe siècle. Elle est située près du parc du Retiro
Église de la paroisse Saint-Antoine de las Carcavas
Il s'agit d'une petite église, assez loin du centre-ville.
Église de la paroisse Saint-Martin-de-Porres
Il s'agit d'une petite église, en briques, près de la station Hortaleza.
Église de la paroisse Saint-Martin-de-Porres
Il s'agit d'une grande église, en briques qui comporte également une crypte.
Les parcs
Le parc du Retiro
Ce parc date du XVIIe siècle et couvre actuellement 118 hectares. Il comporte de nombreux bosquets, bâtiments et plans d'eau offrant des promenades agréables.
Le palais de cristal a été construit pour l'exposition coloniale de 1887 et sert actuellement pour les expositions d'art.
Autres lieux
Le congrès des députés
Il s'agit de l'assemblée nationale espagnole, qui comporte 350 députés. Le Palais des cours, qui l'abrite, terminé en 1850, est de style néoclassique et orné de lions en bronze.
L'opéra
Donnant sur la place Isabelle II, ce théâtre royal a été rénové de 1991 à 1997 pour devenir une salle d'opéra.
Le métro
Madrid dispose d'un métro qui existe depuis 1919. En 2011, il comporte 13 lignes et plus de 300 km de voies.
La manufacture royale de tapis
Cette manufacture fut fondée par Philippe V en 1721. Elle enseigna l'art de la tapisserie dans toute l'Espagne. Suite à une crise, elle devient privée en 1895 et avec le but d'apprendre aux jeunes.
Actuellement, elle est spécialisée dans la fabrication artisanale, sur commande et la réparation de tapis. Les techniques utilisées sont :
- Le tissage vertical, avec de la grosse laine de mérinos, qui nécessite, pour cinq personnes, une semaine par mètre carré pour un prix d'environ 840 euros le mètre carré. Le travail s'effectue debout, en reproduisant un motif fixé au mur.
- Le tissage dit « à l'envers », où l'ouvrier est placé derrière le tapis et utilise un miroir pour contrôler le travail effectué. Les matériaux utilisés sont la soie et la laine fine, triés par couleurs sur une cinquantaine de navettes. Ce travail représente trois à quatre mois et 9 000 à 12 000 euros par mètre carré.
Ces techniques sont le mêmes qu'à l'origine. Les ouvriers travaillent huit heures par jour dont 15 minutes de pause. La soie est dévidée à la main avec des outils du XVIIIe siècle.
Cette manufacture expose aussi des tapis anciens (du XVIIe siècle au XIXe siècle), prenant pour modèles des toiles de Raphaël, ainsi que des tapis créés par des étudiants.
Divers
Le monastère des déchaussées royales, fondé en 1559, abrite de nombreuses œuvres d'art, trousseaux des jeunes filles devenues religieuses.
L'église de San Antonio de la Florida possède une fresque de Francisco de Goya.
Le monastère-palais de l'Escurial, érigé par le roi Philippe II, est le lieu d'inhumation de six souverains et contient 7500 reliques.
Aranjuez [carte]
Aranjuez, placée entre Madrid et Tolède, est propice à l'agriculture (elle est particulièrement connue pour ses fraises) par sa bonne terre et son irrigation assurée par 2 fleuves. Sur l'un d'eux est construit un petit port fluvial. Le climat est continental, donc peu humide, très froid en hiver et très chaud en été. Les bâtiments logeant ses 50 000 habitants sont limitées à 2 étages. La structure de la ville est carrée et date de Charles III. Les arènes de cette ville sont remarquablement conservées.
Aranjuez a inspiré Joaquín Rodrigo, compositeur du célèbre Concerto d'Aranjuez.
Le Palais Royal
Ce palais fut construit sur l'ordre de Philippe II, de 1561 à 1778. Les salles visitables sont :
- La salle des tableaux chinois contient 200 tableaux, cadeaux d'un empereur chinois à la reine Isabelle II.
- Une autre salle contient des tableaux d'écoles espagnoles.
- La salle des miroirs est décorée avec de faux rideaux, en bois sculpté.
- La salle du cabinet arabe est une copie d'une salle de l'Alambra de Grenade. Tous les murs et le plafond sont décorés de motifs arabes et d'arabesques.
- La salle de danse est éclairée par des lustres en cristal de Bohème et le sol est recouvert par un tapis de la Manufacture Royale.
- La chambre de la reine Isabelle II est aménagée avec des meubles en différents bois, cadeaux de la ville de Barcelone.
- La salle de porcelaine est décorée avec des motifs chinois et orientaux de 1763 uniquement en porcelaine. Le lustre central a une forme de palmier.
- Le plafond de la salle du trône et des réceptions d'Isabelle II est décoré par des allégories dont celle de la monarchie : 2 femmes soutenant la couronne royale.
Une seconde partie présente la vie dans le palais, par une exposition d'uniformes, costumes royaux, robes des reines et infantes, peintures et photos du XIXe siècle, meubles et objets divers dont bicyclettes, fusils et même une « machine » à faire de la gymnastique, soi-disant portative !
Les jardins
Les premiers jardins furent construits en même temps que le palais, sous Philippe II, dans la dynastie des Habsbourg tandis que les jardins les plus récents datent de Charles III, dans la dynastie des Bourbons.
Schéma d'une statue des jardins du palais.
Tolède [carte]
Cette ville a une histoire primordiale car elle a hébergé toutes les civilisations qui sont passées en Espagne :
- Les Romains
- Les Wisigoths
- Les Arabes
- Les Chrétiens dont elle est devenue la capitale.
Alphonse X dit « le Sage » y crée une école de traduction et en fait ainsi un centre culturel. Cette ville contient donc tous les styles architecturaux. L'Alcazar, restauré, domine la ville de ses quatre tours. La cathédrale est de style gothique. On trouve des bâtiments de la renaissance et un autre qui fut successivement mosquée, synagogue et église.
Cette ville est difficilement prenable car fortifiée par une barrière naturelle (l'eau) et artificielle (les remparts). Elle est bâtie sur une colline et contient donc beaucoup d'escaliers. Les Espagnols disent donc : « Calle arriba, calle abajo... » !
La cathédrale Sainte-Marie
Elle regroupe différents styles et matériaux et est pourvue de créneaux. Elle avait donc une fonction militaire défensive.
L'Artisanat
Pour réaliser les objets typiques de Tolède, en acier recouvert d'or, la méthode est traditionnelle : on rougit l'acier au feu puis on le bat pour lui donner la forme désirée. On le refroidit avec de l'eau ou de l'huile puis on le décore avec des pierres précieuses et de l'or : c'est le damasquinage. Cet art vient de Damas. L'or utilisé est très pur (23 ou 24 carats). On raye la pièce d'acier pour introduire dans les rainures les fils d'or. On passe ensuite l'objet au feu pour noircir l'acier qui ne peut alors plus s'oxyder. Il est conseillé de nettoyer ces objets une fois par an à l'huile d'olive. Le prix dépend de l'artisan : les plus beaux objets sont faits à la main par le maître, les autres avec une machine par les élèves.
Burgos
Burgos est située dans la communauté autonome de Castille-et-León. La ville possède environ 180 000 habitants.
Elle est connue notamment parce que Rodrigo Díaz de Vivar, surnommé El Cid Campeador, est né à proximité. Ce héros de la Reconquista est présent dans de nombreuses œuvres littéraires et artistiques comme la tragicomédie de Corneille, Le Cid.
La cathédrale Sainte-Marie
Construite du XIIIe siècle au XVe siècle, la cathédrale Sainte-Marie, de style gothique, est actuellement classée au patrimoine mondial de l'UNESCO. Son architecture est remarquable, ainsi que son cloître du XIVe siècle.
Les plafonds du chœur et des chapelles sont sculptés avec une finesse incroyable qui les fait ressembler à de la dentelle !
L'intérieur est magnifique, avec une quantité d'œuvres d'art très largement supérieure à celle des cathédrales françaises : tableaux, sculptures, retables, vitraux, stalles merveilleusement conservés.
L'édifice comporte, en outre, un musée où est exposé le trésor : calices, chasubles, ostensoirs, etc.
L'église Saint-Gil
Saint Gilles l'Ermite est né à Athènes au VIIe siècle et a vécu dans le Languedoc-Roussillon. Il était anachorète et ami d'une biche grâce à laquelle il rencontrera le roi Wisigoth Wamba pendant une chasse royale. Ce roi le fera devenir abbé et Gilles conseillera alors les rois et même les papes.
L'église fut construite aux XIIIe et XIVe siècles, par les mêmes artisans que ceux qui ont fait la cathédrale. De riches marchands ont fait construire les chapelles latérales pour y être enterrés.
On peut y voir une statue du Christ d'où ont coulé 16 gouttes de sang en 1366. On lui attribue aussi d'autres miracles, comme la téléportation d'un prisonnier innocent de sa cellule de prison vers un couvent situé à plusieurs centaines de kilomètres.
Le musée militaire régional
Inauguré en 1985, il présente 1260 m² de collections telles que des drapeaux, armes à feux, maquettes, etc. Il se trouve dans une caserne où l'on peut voir des chars de différentes guerres.
Le château
Des fouilles dans le château ont montré que le lieu est habité depuis la préhistoire. La première forteresse est érigée en 884, sous le règne d'Alfonse III. Plus tard, entre les XIe et XIIIe siècles, il a servi de prison.
Entre les XIVe et XVe siècles, il a appartenu à différentes familles nobles. Pendant la guerre de succession de 1475-1479, elle fut prise après 8 mois de siège puis fut abandonnée au XVIe siècle et brûla en 1736. Reconstruite par l'armée française, elle fut de nouveau abandonnée en 1813.
Elle fut restaurée au milieu du XXe siècle pour lui rendre son aspect originel. On peut ainsi admirer la cour d'armes, le palais d'Alphonse X et divers autres éléments dont un puits de 62 m de profondeur et des souterrains.
Ségovie
Bâtie sur une colline, la ville existait déjà dans l'Antiquité comme en témoigne le magnifique aqueduc gallo-romain, parfaitement préservé, qui l'approvisionnait en eau.
Au Moyen-Âge, l'histoire de la ville est marquée par Juan Bravo qui y mène une révolte contre les troupes royalistes pendant la guerre des Communautés de Castille.
La cathédrale Sainte-Marie
L'ancienne cathédrale, romane, très endommagée pendant la guerre des Communautés, fut remplacée au XVIe siècle par cette cathédrale gothique dont la construction a commencé en 1525. Elle possède un superbe cloître gothique.
L'édifice est remarquable par ses très nombreuses chapelles remplies d'œuvres d'art telles que des retables, bas-relief, statues, vitraux, tableaux, etc.
Ses voûtes ne sont pas de simples croisés d'ogives comme dans d'autres cathédrales gothiques, mais des décors presque floraux faits de pierre.
La cathédrale possède également des stalles magnifiques et bien conservées.
La chapelle du Saint-Sacrement est également remarquable. Elle contient un retable et est surmontée d'une coupole.
Les églises
Église de la Vraie Croix
Cette église, qui date du XIIIe siècle, a été construite par des Templiers ou par l'Ordre du Saint-Sépulcre de Jérusalem. Sa nef s'inscrit dans un dodécagone que jouxte un clocher carré, le tout de style roman tardif.
Église Saint-Martin
Elle date du XIIe siècle mais a été transformée depuis, notamment par l'ajout d'une galerie protégée par une série de très belles arches posées sur des colonnes doubles.
Église Saint-André
Elle est également de style roman et possède un beau clocher percé d'arcades sur trois étages.
L'aqueduc
Ségovie possède un sublime aqueduc gallo-romain, datant de la fin du Ie siècle ou du début du IIe siècle. D'une longueur de 1,2 km, sa hauteur est comprise entre 28 m et 35 m et sa pente est de 1 %.
Une de ses particularités est que les blocs de granit, plus de 20 000 au total, ne sont pas liés entre eux par du mortier mais juste maintenus par leur propre poids.
L'Alcazar
Un alcazar est un palais fortifié. Celui-ci date du début du XIIe siècle et a été restauré plusieurs fois depuis.
Ávila
Ávila est située dans la communauté autonome de Castille-et-León. Fondée par les Romains, sur un site déjà habité auparavant, il s'agit actuellement de la plus haute capitale de province d'Espagne, située à 1182 m d'altitude.
Cette ville, classée au patrimoine mondial de l'UNESCO, possède des murailles remarquables, construites pour résister aux assauts des Maures pendant la Reconquista. Ces murailles mesurent 2,5 km de long et possèdent 9 portes d'entrée et 88 tours.
La cathédrale del Salvador
Elle est bâtie tout contre les remparts, en même temps qu'eux, de 1090 à 1099. Faite initialement avec de la pierre blanche et rouge, importée et donc très chère (la pierre étant rare dans la région), la fin de la construction est faite de granite, pour réduire les coûts.
Son style montre la transition entre le roman et le gothique. Le magnifique retable, dans le chœur, montre de nombreuses scènes bibliques, dont la Transfiguration, au centre. Un partie de ses vitraux furent détruits par un séisme en 1743.
Lieux thérésiens
Cette partie présente différents lieux d'Ávila liés à la vie de Sainte Thérèse d'Ávila, appelée localement Sainte Thérèse de Jésus. Cette grande sainte espagnole du XVIe siècle a fondé 20 couvents carmes.
Le couvent Saint-Joseph
Il s'agit du premier couvent carme fondé par Sainte Thérèse en 1562. Les carmels abritent au maximum 21 sœurs, selon la règle. Celui-ci était à l'origine une maison très pauvre, à deux étages. Sainte Thérèse et ses sœurs carmélites l'ont nettoyée et y ont installé un autel et une cloche (cassée, pour que cela coûte moins cher !). La petite chapelle, qui mesure environ 10 mètres par 5, ressemble à une crèche.
La fenêtre, armée de piques, est d'origine. Sainte Thérèse y a eu une expérience mystique de lévitation. Le tableau de Saint Paul est une huile sur toile du XVIIe siècle, de l'école castillanne et d'auteur inconnu.
La tombe au centre de la chapelle est celle d'un proche de Sainte Thérèse, qui a trouvé la maison et les y a installées en échange d'y être enterré. Veuf, il s'est fait prêtre et a donné son pouvoir et ses propriétés aux sœurs.
Le musée de Sainte Thérèse
Il présente de nombreux objets liés à la vie de la Sainte et à son époque. On peut notamment y voir un lit dont l'oreiller est un simple pavé de bois brut !
La maison de Sainte Thérèse
Il s'agit de quelques salles visitables, dans un couvent de sœurs cloîtrées. Elles sont semblables à ce qu'elles étaient en 1535, lorsque Thérèse y est entrée, à 20 ans. Elle y est restée 40 ans.
La fresque de la flagellation date de 1569 et représente une vision qu'a eu Thérèse pendant qu'elle attendait un chevalier : le Christ lui a reproché de continuer à mener une vie mondaine dans le couvent et lui a fait comprendre que la vie que menaient alors les carmes n'était pas assez rigoureuse.
Avant la réforme proposée par Sainte Thérèse, les cellules des moniales étaient relativement spacieuses et comportaient une cuisine et une chambre. Le luxe, relatif, dépendait des possessions personnelles de la sœur, ce que Sainte Thérèse refusait. Après sa réforme, les cellules ont adopté une taille trois fois plus petite, avec simplement un lit, donc un dépouillement extrême. Elles n'ont jamais de chauffage, même lorsque les températures deviennent négatives.
À côté de la cellule se trouve un escalier où Thérèse a vu l'Enfant Jésus. Il lui a demandé qui elle était, ce à quoi elle a répondu : « Je suis Thérèse de Jésus » et lui : « Je suis le Jésus de Thérèse » !
Le pape Jean-Paul II y est venu en 1982 et a rencontré deux carmélites de chaque congrégation, soit environ 1500 religieuses. On peut encore admirer son fauteuil.
L'Église de la Santa
C'est là qu'est née Sainte Thérèse. La maison fut plus tard transformée en église. Un retable représente une vision de Sainte Thérèse : la Vierge et Saint Joseph lui donnent un collier de pierres précieuses.
Dans un petit jardin se trouvent les statues de Thérèse et de son frère Rodrigue enfants.
La basilique Saint-Vincent
Construite entre les XIIe et XIVe siècles, cette église est de style roman. Elle abrite une statue de la Vierge du souterrain, patronne de la ville, ainsi que le cénotaphe de Saint Vincent, Sainte Sabine et Sainte Cristeta, très orné.
Les églises
Église Saint-André
De style roman, son chœur est en forme de quart de sphère.
Église Saint-Martin
De style roman, elle est située à l'extérieur des remparts.
Église Saint-Pierre
De style roman, elle est située près des remparts, au bout d'une vaste place.
La Mancha [carte]
La devise de la Mancha : « Nueve meses de invierno, tres meses de infierno » !
La Mancha est un désert plat, un plateau agricole et sec. Les villages sont petits et éparpillés. Nous nous sommes arrêtés dans un village typique de la Mancha. Au temps de Don Quichotte, les maisons étaient blanches, d'un étage au maximum. On peut imaginer les habitants calmes et qui s'ennuient comme Don Quichotte, austères comme les paysages qui les entourent. L'influence architecturale est romaine pour les arcs arrondis et wisigothique pour le clocher octogonal. On y cultive des céréales, des vignes et des oliviers car ces cultures nécessitent peu d'eau. Les couleurs de la Mancha sont le rouge et le blanc.
Don Quichotte
Page dédiée : Don Quijote
Unos elementos a proposito de la obra de Miguel de Cervantes y de sus protagonistas Don Quijote de la Mancha y Sancho Panza.
L'oeuvre et ses interprétations
On résume souvent Don Quichotte, œuvre mondialement connue, à certains épisodes ou à la silhouette caractéristique de ses protagonistes. Cependant, la fascination exercée par le héros et par le thème de l'idéal face à la réalité a inspiré de nombreux philosophes et écrivains : par son aptitude à s'adapter aux différentes époques, Don Quichotte s'est alors imposé comme un exemple universel.
Ainsi, à la fin du XVIIe siècle, de nouvelles interprétations de l'œuvre par les romantiques allemands ont révélé, derrière le côté burlesque, la symbolique de l'œuvre et ses puissances d'onirismes et d'irrationnel. Le chevalier devient ainsi l'emblème d'une lutte entre les forces, tantôt la nature et la réalité, tantôt la poésie et la prose, tandis que la réponse donnée à quantité de questions philosophiques sur la vie donne à l'œuvre une valeur de mythe moderne et universel, dont le sujet central est l'opposition entre réel et idéal, celui-ci, même abattu, triomphant toujours, malgré la bassesse des humiliations subies.
Sur la liberté du héros
À travers ses sorties dans la Mancha, Don Quichotte, lui-même âgé, veut faire renaître l'humanité. C'est ainsi qu'il se crée un nouvel espace de vie, qu'il croit de plus en plus large. En effet, dans son mouvement (parfois imaginaire et donc immobile), le héros pense voyager, en mer ou dans les airs, après l'immense étendue de la Mancha.
À la différence des protagonistes d'autres œuvres, il ne raconte pas ses aventures, mais les vit, dans le monde réel, malgré ses faiblesses, ou est persuadé de le faire, dans des espaces imaginaires, comme l'équateur ou encore les enfers. Il mourra finalement, dans son village, redevenu lucide.
Château de Consuegra
Cette forteresse militaire fut construite entre les IXe et XIIIe siècles, d'abord par les arabes, lors de la Reconquista. Il a subi des affrontements continuels jusqu'à la bataille des « nuevas de Tolosa » (1212). En cas d'attaque, la population du village s'y réfugiait. Au XIIe siècle, le château est cédé à une organisation religieuse et militaire : la confrérie de l'ordre de San Juan. Ses objectifs étaient de repeupler les villages et de construire un monastère avec une bibliothèque. Grâce aux impôts et donations, le château s'agrandit. À la Renaissance, en 1492, l'ordre déménage et le château est laissé à l'abandon avec les livres. On peut noter le passage de Napoléon en 1830. Actuellement, une école-atelier du village, avec des maçons, reconstruit le château. Celui-ci comportait, répartis dans 3 enceintes :
- 2 portes pour pouvoir s'échapper en cas d'attaque ou bien prendre les ennemis à revers.
- Une muraille de 6 m, qui s'unit à la porte principale.
- Une petite porte était gardée par un soldat seul.
- Une barbacane protégeait le chemin de ronde.
- Une cour d'armes contenait quelques petites habitations en restauration où l'on gardait armes et animaux.
- Des tours à base solide, rondes pour pouvoir surveiller tous les côtés. La visibilité est excellente (plusieurs dizaines de kilomètres). Ces tours étaient percées d'entrées de lumière et de meurtrières. Les pierres étaient unies par de la chaux.
- Au-dessus de la porte d'entrée, garnie de pointes de fer, sont représentés les blasons de 2 prieurs de l'ordre de San Juan. L'un était le fils illégitime de Philippe IV. L'autre a financé une partie du château.
- Derrière la herse se trouve un espace si réduit que les attaquants devaient passer un par un : il était alors facile pour un soldat seul de les retenir. C'est pour cette raison que le château n'a jamais été pris !
- L'eau de pluie arrivait dans la citerne par des tuyaux depuis les terrasses. Elle passait par une citerne de décantation avec un filtre primitif. Cette citerne, aujourd'hui visitable, était presque toujours pleine. Découverte par hasard, elle est construite sur un puits. La seconde citerne était moins utilisée car moins sophistiquée et mal placée.
- La bibliothèque est aujourd'hui vide de livres. Par sécurité, elle avait 2 portes et 3 clés, gardées par des personnes différentes, par porte. On expose à l'intérieur des photos des reconstitutions historiques qui ont lieu tous les ans.
- Les moines se réunissaient dans la chambre capitulaire. Celle-ci est placée juste au-dessus de l'entrée. Elle n'avait pas de fenêtres. On peut y admirer un meuble médiéval qui servait à garder les vêtements et bijoux et pouvait même servir de malle.
- La chapelle, reconstruite plusieurs fois avant 1957, date du XIIIe siècle.
- Les appartements du prieur ont cinq étages : une protection, trois chambres et un lieu de stockage des boissons.
- Un jardin médiéval a été reconstitué, avec des arbres fruitiers et des plantes médicinales.
Un moulin
Les moulins servaient à moudre le blé. Ils étaient placés en hauteur pour avoir le plus possible de vent. Des onze moulins construits sur la colline du château de Consuegra, cinq sont en état de marche. Ils comportent 3 étages : le magasin à farine de blé, à farine de son et la machine. Certaines machines sont d'origine, d'autres du XIXe siècle. Mode d'emploi :
- Ouvrir toutes les fenêtres pour connaître la direction du vent dominant.
- Aligner les ailes dans cette direction grâce au tronc qui dépasse du côté opposé aux ailes (l'ensemble du toit est rotatif).
- Les ailes tournent et font tourner l'axe central puis une roue puis l'axe vertical puis la meule. Un dispositif permet de freiner.
- Mettre le blé dans le réservoir prévu à cet effet. Les vibrations le font tomber dans la meule. Il est ensuite éjecté par la force centrifuge. Une protection le canalise vers l'étage inférieure.
Le potier
Nous avons pu visiter l'atelier d'un potier. L'argile est préparé en juillet et en août, avec un mélange de terre argileuse, chargée en oxyde de fer et d'eau. Cet argile est ensuite modelée par l'artisan sur un tour. Celui-ci est actionné par un moteur électrique (il n'y a pas si longtemps, on l'actionnait avec les pieds). Les vases sont décorés avec des motifs traditionnels puis cuits dans un four à bois. La température étant très approximative, l'artisan récite une prière : « Que Dieu rajoute ce qui manque et enlève ce qui est en trop. », en traçant une croix sur la porte du four. La cuisson doit être lente pour éviter que l'argile n'éclate.
Cette page en français a été créée par Peter à partir de notes de voyage, 23 juin 2003 et modifiée pour la dernière fois 25 août 2020. Son avancement est noté 3/3.